Il est courant d’entendre que la question linguistique est l’une des causes de la guerre en Ukraine. Selon le récit occidental véhiculé par les médias, la Russie, dans sa volonté d’expansion, aurait incité des Ukrainiens russophones à faire sécession, obligeant le gouvernement de Kiev à recourir à la force pour rétablir l’ordre. Pour illustrer la prétendue duplicité de Moscou, on souligne souvent que des passeports russes ont été massivement délivrés aux Ukrainiens. Un détail, cependant, rarement mentionné : les autorités hongroises, roumaines et polonaises ont agi de manière similaire en distribuant à des citoyens ukrainiens des documents attestant de leur appartenance à ces nationalités. Évidemment, ce point est souvent passé sous silence, car il fragiliserait les certitudes établies. « Comme c’est bizarre ! » aurait dit Louis Jouvet[1].
Parmi les faits souvent ignorés au sujet de la Crimée, l’un d’eux montre que, en 1991, les dirigeants ukrainiens eux-mêmes considéraient la péninsule comme russe. À tel point que Leonid Kravtchouk, premier président de l’Ukraine indépendante, proposa de la restituer à la Russie. Cet épisode se déroula le 8 décembre, lors des négociations des accords de Belovej qui mirent fin à l’Union soviétique et donnèrent naissance à la Communauté des États indépendants.
Contrairement à Dorothy du Magicien d’Oz qui retourne au Kansas en claquant des talons, Emmanuel Macron a beau taper du pied, adopter des postures martiales, lever le menton et fixer la ligne bleue du Dniepr, il ne parvient pas à obtenir ce qu’il veut : provoquer la défaite de la Russie.