Ces derniers jours, la presse occidentale a été unanime à annoncer, avec des variantes minimes, l’information suivante : « Vladimir Poutine a reçu Evgueni Prigojine au Kremlin le 29 juin, peu de temps après la mutinerie manquée. Qu’est-ce que cela cache ? » À partir de là, une logorrhée de spéculations oiseuses, d’hypothèses débiles et d’affirmations péremptoires étayées par du vent s’est déversée de la bouche des habituels généraux de plateau et spécialistes qui connaissent les circonvolutions du cerveau du président russe mieux que leur propre poche.
La décision était attendue depuis des semaines par le monde entier… sauf par la presse occidentale qui n’en est pas revenue de sa surprise : les Russes ont osé ! Le 17 juillet, le ministère des Affaires étrangères de la fédération de Russie a notifié aux autres parties de l'Initiative céréalière de la mer Noire (Grain Deal) que Moscou suspendait sa participation. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a cependant précisé que la Russie serait prête à y revenir dès que la partie de l’accord qui la concernait serait correctement mise en œuvre.
En 1934, le Parti communiste (bolchevique) de l’URSS tint son XVIIe congrès. Près de deux mille délégués y célébrèrent la réussite du premier plan quinquennal et ce grand rassemblement des dirigeants et des représentants du parti unique reçut, pour cette raison, le surnom de « Congrès des Vainqueurs ». En réalité, il se transforma bien vite en « Congrès des condamnés » : sur les 1 996 participants, 1 108 furent arrêtés et environ les deux tiers d'entre eux furent exécutés dans les trois années qui suivirent. Et sur les 139 membres qui furent élus au Comité Central, on ne compta que 41 survivants au moment du XVIIIe congrès, en 1939.